Cuirs, pataquès, impropriétés, perles et autres bourdes et lapsus.

I - Une singularité particulière et spécifique
II - Deux plus deux egalent deux
III - «bons sentiments»
IV - Le doigt dans l'œil… ou l'esprit.
V - Une nouvelle trinité
VI - Transsexuelle ?
VII - Tout le monde a des droits, même ceux qui ont des droits !
VIII - Et le pénis féminin, t'en fais quoi ?
IX - C'est-il pain bénit pour Le Pen ?
X - Est-ce que ça chute ou est-ce que ça monte ?
XI - La deuxième première
  1. Entendu sur France Culture, émis de sa voix et avec sa bouche par Philippe Ryfmann, professeur à Paris I, que «les “humanitaires” ont une particulatité souvent ignorée […], ils s'auto-interrogent sur eux-mêmes assez souvent». Ma foi, voilà bien une singularité particulière et spécifique…
    Dans la même série, Pierre-Michel Menjer (?), parlant d'un livre de Pierre Bergé, déclare le 28/01/2003 à 12:30, toujours sur France Culture, «Il a raison, parler des autres c'est s'auto-portraiturer soi-même»

  2. Deux plus deux égalent deux.
    ALTERNATIVE n. f. Choix entre deux possibilités; dilemme. Se trouver devant une alternative très embarrassante. (Petit Larousse illustré, éd. 2001)
    Pourquoi cette citation ? Depuis quelques années, on entend ou lit souvent ceci, dans nos médias: «Untel a le choix entre deux alternatives, la première et la seconde»: si Untel a le choix entre deux alternatives, il devrait donc avoir quatre possibilités. Logique. Remarquez que, dans les écoles de journalisme, on apprend à suggérer d'une personne hésitante qu'elle ne fera pas de choix: si Untel «a le choix entre deux alternatives», ça semble impliquer, non qu'il doive choisir, mais qu'il doive choisir quoi choisir…

  3. Dans la critique d'un téléfilm dont l'héroïne «ouvre les yeux sur les méfaits du capitalisme sauvage sur le tiers-monde», le supplément radio-télé (enfin, plutôt télé-radio) du journal Le Monde écrit, sous la plume d'Armelle Cressard, qu'«en dehors d'une courte mais utile digression sur le respect des enfants, cette fiction de Gilles Béhat est tissée de bons sentiments». D'où il appert qu'une «digression sur le respect des enfants» ne participe pas de la catégorie«bons sentiments»

  4. Rions un peu:
    Remis à plus tard…

  5. Une nouvelle trinité.
    J'hésitais: ce qui suit, est-ce une perle, ou une curiosa ? J'ai choisi.

    On peut lire ceci dans Sciences et avenir de janvier 2003, dans un dossier consacré à «La Science et les prophètes»:
    «Les biblistes le pensaient définitivement légendaire mais des recherches récentes montrent que la figure de Moïse pourrait bien avoir été inspirée par trois personnages historiques»
    Je dois être idiot, probablement je suis idiot, car je me figure bêtement que si
    1. «la figure de Moïse [est] inspirée par trois personnages» et que si
    2. les événements «mosaïques» rapportés dans le Pentateuque sont pour leur plus grande part légendaires (ce qu'affirme la suite de cet article), alors
    3. j'en conclus que… la figure de Moïse est légendaire.
    Dire, comme le fait Sciences et Avenir, que Moïse n'est pas légendaire parce que trois personnages dont le nom comportait la racine m—s—h et dont quelques éléments de la biographie — dont certains, excusez, sont historiquement douteux… — rappellent vaguement «la vie de Moïse» reviendrait à dire que le héros du roman Les Trois Mousquetaires est «un personnage historique» parce qu'un dénommé d'Artagnan, un temps mousquetaire mais essentiellement jardinier du roi, a vécu à l'époque où les événement fictifs du livre de Dumas sont censés se dérouler… Vive la Science et son Avenir !
    Incidemment, j'adore ce lieu commun, «des recherches récentes montrent que», dont le but est de donner du poids à l'argumentaire: d'une part, ce n'est jamais qu'un procédé rhétorique qui ne prouve pas grand chose sur la validité des arguments exposés, de l'autre, on imagine sans que l'auteur nous le dise aussi lourdemnt qu'une recherche qui modifie la conception qu'on avait d'une vieille notion est une recherche récente…

  6. Transsexuelle ?
    Paula Jacques, la célèbre animatrice de radio et romancière, dont je dois dire — et ça fait partie de son charme de… d'homme de radio ? — qu'elle est coutumière des a-peu-près et lapsus (mais sans conséquences autre que de nous faire sourire), explique à Louis-Marie Horeau, qui l'interviouve, qu'elle débuta vraiment sa carrière de radioteuse avec un nommé Jacques Florent (?), «qui n'était pas du tout de gauche; c'était une sorte d'anarchiste de droite, et pas du tout un homme de gauche, comme je l'étais moi-même à l'époque». Sic.

  7. Tout le monde a des droits, même ceux qui ont des droits !
    Dans la présentation par Le Monde radio-télé du 28/12/02 d'un documentaire sur la place des parents d'enfants malades au sein des hôpitaux, Thérèse-Marie Deffontaines écrit, parlant d'une assistante sociale qui s'ingénie à améliorer les rapports parents/soignants:

    «Sa méthode: dire la loi, rappeler les droits — tout le monde en a, les parents, même s'ils ne répondent pas aux critères normatifs de certains, les pauvres, les étrangers, et même les toxicomanes et les séropositifs»

    Je n'arrive pas à déterminer si le défaut de construction de cette phrase porte sur le fond ou sur la forme — des deux, je pense. L'incise «les parents» en appelle une autre, «les enfants», «les soignants», etc., qui ne figure pas: conclusion, la mention «et même les toxicomanes et les séropositifs» forme le complément, auquel cas la qualité de parent et celle de toxico ou de séropo seraient, dans l'esprit de la rédactrice, incompatible… Soyons charitables, accordons à Thérèse-Marie qu'il s'agit d'un défaut de construction formel.
    Cela concédé, le segment «et même les toxicomanes et les séropositifs» pose problème, du moins me pose problème: notre critique du Monde radio-télé a si bien intégré que toxicos et séropos forment des «catégories juridiques» valides qu'elle peut les isoler parmi les «non normatifs» en tant que populations ayant des droits particuliers liés à leur dépendance ou à leur état de santé, ou dont le statut juridique particulier ne les empêche malgré tout pas d'avoir (presque) les mêmes droits que les personnes bien normées…

  8. Et le pénis féminin, t'en fais quoi ?
    Sur France Culture, vers 13:00, le 12/08/2003, un dénommé Ruben Augier (?) nous parle des pays où l'on classe un film comme pornographique «dès qu'on y montre un pénis masculin», et d'insister sur le fait de savoir si «la représentation d'un pénis mâle suffit pour désigner la pornographie». Un pénis mâle… Enfin, passons.

  9. C'est-il ou non pain bénit pour Le Pen ?
    Le respect d'la grammaire s'perd, scrongneugneu ! Croyez-vous que Le Pen, ce grand défenseur de la pureté de la langue autant que de la race, demandera un droit de réponse au journal Le Monde pour ce titre: «M. Le Pen: "La décision du tribunal de Nanterre, pour nous, c'est pain béni"» ?
    PS: Depuis, j'ai de nouveau vu la graphie «pain béni», cela dans les transcriptions des discussions à l'Assemblée sur la loi contre le voile — oh ! Pardon: la «loi sur la laïcité» —, ce qui prouve que les correcteurs de l'Assemblée ne sont pas plus vigilants que ceux du quotidien Le Monde, et donne à croire que le vocabulaire de Le Pen marque même les esprits des députés de gauche.

  10. Est-ce que ça chute ou est-ce que ça monte ?
    Entendu sur France Culture, le 28/08/2005 au journal de 13h30, que «la chute de la popularité [de George Bush] n'a jamais été aussi basse». Conclusion: au mieux sa popularité se maintient, probablement, elle progresse. Ce que ne semblait pourtant pas exprimer le propos de la correspondante du journal.